20 janvier 2014

Académie de Lille : le recteur « dément » avoir engagé « un plan de fermeture » des Segpa

« Il n'a jamais été question d'un plan de fermeture des Segpa dans cette académie », indique Jean-Jacques Pollet, recteur de Lille, alors que le SE-Unsa et le Snes-FSU affirment le contraire. « Nous avons la volonté de réduire tendanciellement le pourcentage d'élèves inscrits en Segpa », précise-t-il. Le projet académique 2013-2016 prévoit ainsi de scolariser « 4,5 % d'élèves de collèges en Segpa » d'ici 2016, contre 5,4 % aujourd'hui. Une expérimentation va être lancée à la rentrée 2014 dans quatre collèges pour « substituer à la sixième Segpa stricto sensu une sixième inclusive ». « Nous ne faisons pas d'économie de moyens mais nous recherchons un mode alternatif de scolarisation pour les élèves en difficulté scolaire », affirme le recteur.

Lors d'une conférence de presse jeudi 16 janvier 2013, le recteur de Lille a apporté un « démenti formel » aux déclarations de deux syndicats concernant le devenir des Segpa dans cette académie. Le SE-Unsa de Lille est intervenu lors du comité technique académique du 11 décembre 2013 pour dénoncer un « plan de fermeture massif des Segpa ». Le Snes-FSU est aussi monté au créneau pour exiger « que le plan pluriannuel de suppression et de réductions progressives des Segpa soit abandonné » dans l'académie. La polémique est née début 2012, quand la rectrice précédente a annoncé la fermeture de 1 500 places de Segpa d'ici 2016.

« Ce qui est vrai, c'est que nous avons engagé une réflexion dans cette académie sur le pourcentage d'élèves inscrits en Segpa : 5,4 % des élèves de collège sont scolarisés dans ces classes alors que la moyenne nationale est de 3,5 % », reprend Jean-Jacques Pollet. « Notre objectif est de nous rapprocher de 4,5 %. Nous avons la volonté de réduire tendanciellement le pourcentage d'élèves inscrits en Segpa », ajoute-t-il. Lille est l'une des académies qui accueillent le plus de collégiens en Segpa : elle compte près de 8 000 élèves dans ces sections, à 96 % dans le public.

OUVRIR DES ULIS

Le recteur de Lille met en avant un rapport des Inspections générales sur le traitement de la grande difficulté scolaire, daté de novembre 2013 et publié en janvier 2014. Ses auteurs y écrivent que la Segpa « doit s'ouvrir davantage et proposer des parcours plus diversifiés, et parfois plus ambitieux, comportant des temps d'apprentissage partagés avec les autres collégiens ». Ils estiment aussi qu'avec la mise en place du cycle de consolidation (CM1, CM2, 6ème), « il serait logique et cohérent de reculer à la fin de la sixième la décision d'orientation ».

Jean-Jacques Pollet s'interroge sur la pertinence de l'orientation vers les Segpa pour une partie des élèves. « L'analyse académique montre que 50 % des élèves de sixième Segpa sont issus des CLIS du premier degré : relevant du handicap, ils n'ont par définition pas leur place en Segpa », pointe-t-il. Conclusion : « Il faut certainement développer une politique ambitieuse d'ouverture de classes Ulis pour ces élèves ».

UNE EXPÉRIMENTATION SUR QUATRE SITES

Une classe de Segpa compte en moyenne 14 élèves par classe dans l'académie. « Si nous scolarisons la moitié dans des structures destinées aux élèves en situation de handicap, que fait-on pour les sept qui restent ? Est-il légitime qu'on les mette dans un ghetto, dans une sixième spéciale où ils auraient moins de cours communs avec les collégiens classiques que leurs camarades d'Ulis ? » questionne le recteur. « La sixième Segpa mérite d'être revisitée, ce que nous voulons faire avec beaucoup de précautions », répond-il.

« Notre projet, qui correspond aux orientations explicites de l'Inspection générale, consiste à substituer à une sixième Segpa stricto sensu une sixième ‘inclusive' sur quatre sites expérimentaux, deux dans le Pas-de-Calais, deux dans le Nord », explique Jean-Jacques Pollet. « En aucun cas, il ne s'agit d'une mesure d'économie, c'est tout le contraire : nous ne retirons pas de moyens, cela va même nous coûter davantage ». Un protocole d'expérimentation va être rédigé pour cadrer de nouvelles pratiques pédagogiques. « Cette nouvelle organisation pédagogique a éveillé l'intérêt de la Dgesco  », souligne le recteur.


Source : Information transmise par UNETP - Delphine Bureau